“En ce qui concerne les récents rapports sur la présence et les opérations financières d’individus liés à ISIS en Afrique du Sud, je n’ai pas entendu beaucoup de réactions de la part du gouvernement à ce sujet ; peut-être les considère-t-il comme insignifiants”, a déclaré Mgr Sipuka. Selon le président de la SACBC, la question doit être abordée de manière décisive, car l’ISIS cause déjà de graves dommages à la population du nord du Mozambique, dans la province de Cabo Delgado.
Selon des rapports d’enquête internationaux, l’ISIS utilise l’Afrique du Sud comme plaque tournante financière. En mars 2022, le département du Trésor américain a désigné certaines personnes et entités opérant en Afrique du Sud comme facilitateurs des opérations de financement du groupe djihadiste transnational. Les autorités américaines avaient notamment désigné une personne basée à Durban qui finançait les activités de la province de l’État islamique en République démocratique du Congo grâce à des fonds obtenus par le biais d’activités criminelles (extorsion, enlèvement contre rançon). Une autre personne agissait au Cap où elle formait des recrues de l’ISIS à commettre des vols. D’autres cellules de l’ISIS basées en Afrique du Sud acheminaient des fonds, des technologies et des biens matériels à des groupes de l’ISIS au Mozambique et en Somalie. En outre, plusieurs Sud-Africains sympathisants de l’ISIS l’ont rejoint au Mozambique.
En mars dernier, le “Counter-ISIS Finance Group” (CIFG), un organisme international dirigé par les États-Unis, l’Arabie saoudite et l’Italie, a publié un rapport sur les activités financières de l’organisation djihadiste en Afrique. Le rapport indique que les banques basées en Afrique du Sud sont devenues des intermédiaires pour les transferts de fonds de l’ISIS, l’organisation terroriste utilisant ces canaux pour transférer des fonds de son siège continental en Somalie, la Direction générale des provinces (DGP), vers ses cellules régionales. “L’ISIS a utilisé des banques basées en Afrique du Sud pour transférer des fonds de la GDP à l’ISIS en Afrique centrale”, indique le rapport.
Dans son discours, Mgr Sipuka a enfin évoqué un autre incident grave survenu en Afrique du Sud. La découverte, dans le Limpopo, d’un camp militaire où 95 recrues libyennes étaient entraînées. Officiellement en tant qu’agents de sécurité, mais selon la police qui a fait une descente dans le camp, il s’agissait plutôt d’une véritable formation de type militaire. Les 95 Libyens semblent appartenir aux forces du général Haftar qui contrôlent la Cyrénaïque. On peut se poser la question suivante : s’il a été possible de dispenser un entraînement militaire aux hommes de Haftar sans l’autorisation des autorités sud-africaines, est-il également possible qu’il existe ou qu’il y ait eu des camps d’entraînement pour les djihadistes ? (LM) (Agence Fides 9/8/2024)
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